CR X-Trail Corrèze

CR du X-Trail Corrèze

By Gwenaël D.

Le départ du X Trail Corrèze – Dordogne a été donné à 2h du matin le samedi 22 Septembre 2018 avec une seule contrainte : boucler le parcours de 105 km et 4300 m D+ en moins de 18h. Le défi, au vu de la barrière horaire, n’était pas des plus simples à relever (la barrière horaire finale sera finalement revue à 19h au vu du nombre de participants encore sur les chemins après 18h de course). C’est la troisième édition de ce trail mais la première avec plus de 100 km (boucle de 80 km sur les deux premières éditions). Le parcours emprunte la Xaintrie Corrézienne et la Terra Incognita de la vallée de la Dordogne, très peu de routes sont au programme avec quasi 100% de chemins en pleine nature corrézienne. 
Le départ est donné et j’emprunte les quais d’Argentat sur 2 km puis la première belle bosse se présente à moi, la montée vers le Puy du Tour : 3 bornes de grimpette avec 250 D+ puis 3 km de descente, facile au départ, puis un peu plus technique.
Arrivent ensuite les 20 « nouveaux » km du X Trail, ceux qui vont permettre aux finishers d’être des « centbornards ». 2 km de plat pour s’échauffer puis j’attaque la seconde difficulté dans la nuit noire. 3 km de montée régulière avec 300 D+ avant de déboucher sur un plateau. S’en suivent 5 km de plateau. Je passe Moustoulat, premier ravito / point d’eau au 15ème km, à 3h50 du matin avant d’attaquer 3 km de faux plat descendant en sous-bois. Une bonne montée de plus (150 D+ en 1,5 km), et j’attaque 3 km de descente, d’abord très roulante, puis hyper technique entre rochers, escaliers et ponts de bois. Puis s’en suivent 2 km assez roulants.
Pas le temps de se reposer car il faut regrimper bien sûr. Presque 300 D+ en 2 km seulement. Je débouche ensuite sur le plateau de Bros et c’est reparti pour 3 km de descente pas très technique mais bien casse-pattes, avant d’arriver au pont de Monceaux (km 29), premier gros ravito. Allez, il faut repartir après 3h30 de course…
J’attaque ensuite la 1ère grosse bosse : 5 km de montée avec 450 D+, du chemin creux, raide et pas très roulant en sous-bois. Je récupère en haut en profitant d’un beau point de vue sur la vallée au soleil levant ! Je suis au km 36 et déjà 4h30 de course !
Je redémarre avec 1 km de petit chemin vallonné avant d’attaquer une descente de 2 km. C’est le moment de se farcir une petite montée de 2 bornes (150 D+) sur un sentier en sous-bois et en bordure de prés. Je traverse le petit village de Lagrange pour arriver au troisième ravitaillement au km 39, il est 7h00 du mat. Deux hameaux plus loin, je rejoins la vallée de la Maronne. 3 km de descente sans trop de difficultés dans les sous-bois, avant une belle section plate… puis montante qui m’amène à La Broquerie. Je traverse la route départementale Argentat-Aurillac, après 5h30 d’efforts et plus de 1500 m de dénivelé dans « le cornet », point d’eau du km 45.
Et c’est reparti pour 3 km de montée (250 D+) plutôt régulière. Un tout petit sentier creux au départ, puis ça s’élargit, toujours en sous-bois. A nouveau un petit chemin creux et d’un coup, le paysage s’ouvre sur les plateaux de la Xaintrie.

Je trace ensuite sur le plateau : 3 km sans montée ni descente, une rareté sur ce X Trail. Mais ça ne dure pas longtemps car j’attaque une descente très technique vers le lac du barrage de Hautefage : 2 km à forte pente qui finissent en monotrace, avec de superbes points de vue sur le lac. Arrivé tout en bas, forcément je m’attends au pire…. et il arrive ! Une « rampe » de 500 m droits dans la pente entre rochers et arbres, la montée la plus dure de toutes celles rencontrées sur ce X Trail. Impossible de courir… Je m’accroche à tout ce qui passe entre mes mains (branches, rochers). J’arrive 200 m plus haut pour atteindre un chemin roulant qui m’amène vers Saint-Bonnet-Les-Tours. Je vois alors mieux pourquoi le ravito n° 4 a été posté là, au km 56, atteint après 7h45 de course et 2100 D+. Jusqu’ici tout va bien, même si les jambes commencent à ressentir la distance et le dénivelé. J’en profite pour souffler une bonne vingtaine de minutes, me restaurer et changer de vêtements.
Place maintenant à la portion « magique » du X Trail Dordogne : la section St Bonnet-Tours de Carbonnières-Tours de Merle ! 15 km d’ambiance médiévale dont je vais me rappeler très longtemps. J’attaque par 1 km de descente à la sortie de St Bonnet, sur un tout petit single en sous-bois puis 1 km de plat avant une portion très vallonnée… et plutôt montante ! (+ 150) qui m’amène aux alentours des tours de Carbonnières. 1 km de descente magnifique et ultra-technique et on atteint les tours et le 2ème point d’eau (km 63), dans un site incroyable avec ces tours médiévales. Il est 11h00, voilà presque 9h que je suis parti, les jambes commencent à être lourdes.
C’est pourtant pas le moment de flancher car je pars pour 8 km sans grosses difficultés certes, mais sur de la toute petite piste en bord de torrent. C’est le fameux « sentier Merlin » qui relie Tours de Carbonnières et Tours de Merle. 5 km avec quelques belles pétées dans les pierriers et des points de vue magiques sur les gorges de la Maronne, sécurisés par quelques mètres de mains-courantes, qui témoignent du relief. J’arrive au pont de Merle, 300 m de route puis une toute petite descente et l’émerveillement. Je pénètre d’un coup dans la citadelle de Merle qui vous saute presque au visage au détour d’un virage. 500 mètres de pure magie entre sentiers et escaliers au cœur des tours de Merle, avant de redescendre où l’on atteint le ravitaillement n° 5 au km 69, après 10h00 de course.
Je traverse la Maronne et je repars rive gauche, désormais sur une minuscule trace en bord de Maronne. Pas de montée, un cadre naturel incroyable de beauté… mais pas de repos pour autant car ces 2 bornes restent ultra-techniques entre rochers et pierriers, avec même une nouvelle main-courante. J’atteins la centrale électrique de Saint Geniez en fond de vallée, en se doutant que le pire est à nouveau à craindre… et j’ai encore raison ! 2,5 bornes de montée (+ 300), d’abord très dures puis un peu plus adoucies. Le point d’eau du km 75 atteint à 13h30 permet de me regonfler le moral car une douleur vive apparait au niveau de mon genou gauche. C’est l’heure de l’apéro pour mes parents, Isabelle CallotChris TopheLili Malveille et Philippe. Ça fait plaisir de les voir prendre du plaisir à suivre la course. C’est tentant d’y prendre part mais il faut repartir. Jusqu’ici tout allait « bien » et je remets la marche en avant en me disant que cette douleur finira bien par passer et que c’est la normalité sur un ultra.
Je découvre désormais le plateau de la Xaintrie Corrézienne : 10 km de sentiers roulants, entre sous-bois et prairies qui m’amènent jusqu’à Servières-le-Château (km 84 et ravito 6), atteint à 14h30. Je traverse le village, et j’attaque une très technique descente qui casse les pattes.
Je traverse la Glane et je remonte dans le vallon opposé. 3 km de montée… et 300 m de D+ ! Encore du single au départ avec une vue magnifique sur le barrage du Chastang avant d’arriver au village de Vialette (4ème point d’eau, 87km). 

A partir de ce ravito je ne vais plus réussir à courir car la douleur est trop vive. Sur tous mes ultra, les douleurs finissaient par « passer ». A mon grand regret, sur celui-ci ma douleur au genou gauche ne fera qu’augmenter. Heureusement ma mère, Chris Tophe et Isabelle Callotchristophe sont là pour me booster. Plus le temps passe et plus ça fait du bien au moral de les retrouver sur les différents ravitos. 
S’en suivent 2 km de descente magnifique et technique dans les landes et les pierriers, 500 m de single plat le long de la Dordogne… et j’arrive à la fameuse traversée en gabarot (barque en bois traditionnelle de la Dordogne), pour m’amener côté opposé sur la rive droite de la Dordogne. Mon père, Lili Malveille et Pilippe étaient partis de leur côté pour m’attendre à la fin de cette traversée. De nouveau le moral est boosté. Là, m’attendent les 15 derniers kms du X Trail, les plus durs selon beaucoup de trailers. Il est 16h00, voilà presque 14h que je me balade dans ce beau pays. 
A partir de là, je pense beaucoup à la phrase que Patrick Drahma m’a souvent dite : « on n’est pas venu ici déguisé en feuille de chou pour se faire bouffer le cul par des lapins mon p’tit guedi». C’est vraiment très con mais je me raccroche à cette pensée positive qui me fait avancer. J’avance doucement mais j’avance…
A peine accosté, j’attaque la montée de la via ferrata Dordogne : 1 km de sentier bâti dans les éboulis et les rochers, des barrières en bois, des câbles et 250 m de D+ avalés à grand peine… J’atteins enfin St Martial Entraygues (dernier ravito au km 93), que je rejoins à 17h, une heure avant l’ultime barrière horaire. Je mets beaucoup de temps à repartir mais il me reste un peu plus de dix bornes et la ligne d’arrivée n’est plus si loin… Sans la présence de ma team de supporters, il est fort probable que j’aurai baissé les bras car la douleur physique était très présente sur cette fin de parcours. Je vais mettre 3 heures à parcourir ces douze derniers kilomètres, un pied devant l’autre, au mental. Le corps se met dans une sorte de routine et s’habitue presque à la situation… Je marche en profitant de la vue (sublime panorama de Roc Castel), et j’enchaine sur 2 bornes de descente vers la vallée du Doustre. A peine atteint le fond de vallée, je continue les montagnes russes corréziennes avec 2 bornes de montée, puis 2 de descente, puis 3 de montée… Le tout sur des tous petits sentiers à peine visibles entre cabanes, murets de pierres et forêt. Au total quelques 500 m de dénivelé positif de plus avant de surplomber enfin Argentat, et d’attaquer l’ultime descente par le sentier des crêtes. Les 5 derniers km sont plus que galère mais ça sent bon la ligne d’arrivée. J’arrive au stade de rugby et la ligne d’arrivée est là après un dernier demi-tour de piste.
Il fait presque nuit et je passe enfin sous l’arche, après 18h10 de course, 105 km et 4300 mètres de D+ !
Il est 20h10, j’en ai plein les pattes, plein les yeux et plein la tête. Une fois de plus la tête a porté le corps et non l’inverse et ça c’est top. Je termine à la 92ème place pour 127 personnes classées et 200 partants.

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